‘‘Il est prématuré de s’alarmer sur les chiffres d’un seul mois, et il faudra attendre la publication de ceux de février pour y voir plus clair’’ a déclaré une source autorisée, qui ne voit aucune raison de s’inquiéter car elle sait que janvier est déjà terminé. En attendant de voir comment la situation évoluera dans les prochains mois, Médias24 a rassemblé plusieurs analyses pour comprendre le paradoxe des données de janvier.
‘‘L’action de l’ONMT commence à porter ses fruits en termes d’arrivées’’
Expliquant l’augmentation de 10% des arrivées et de 12% des nuitées dans la ville ocre, le porte-parole du CRT de Marrakech, Abdellatif Abouricha, a souligné l’excellent travail fourni par l’ONMT, la stabilité de la politique marocaine et son climat ensoleillé toute l’année. C’est la raison de l’énorme augmentation du nombre de touristes étrangers.
Et prenons l’exemple du retour en force du marché allemand après une longue période d’insatisfaction, grâce au renforcement du réseau aérien entre le Maroc et l’Allemagne, auquel il faut également ajouter les nombreux accords signés avec des prescripteurs de voyages allemands (agences de voyages, etc.)…
Abouricha a reconnu qu’il y a encore de la place pour que ces clients s’intègrent dans les cinq principaux marchés émetteurs étrangers, mais a souligné que la présence d’une importante délégation marocaine d’acteurs publics et privés à l’ITB Travel Expo à Berlin du 5 au 7 mars, va certainement augmenter. le nombre d’arrivées sur ce marché.
Ces dernières ont bel et bien fait leur retour en janvier 2024, avec 21.264 arrivées contre 16.601 le même mois en 2023, soit une hausse sans précédent de 28 %.
‘‘La clientèle inhabituelle du mois de janvier était désargentée’’
Pour expliquer la baisse paradoxale des recettes en devises du pays, le porte-parole du CRT Marrakech-Safi l’attribue principalement à la baisse du pouvoir d’achat des touristes européens, qui dépensent nettement moins qu’auparavant.
«Malgré leur volonté de profiter de leurs vacances et du soleil marocain durant un mois de janvier glacial dans leur pays, ces visiteurs dépensent moins pour se loger ou se restaurer. En effet, j’en vois de plus en plus qui préfèrent s’acheter un sandwich dans la vieille ville au lieu de s’attabler à une table de restaurant», indique Abouricha.
Notre interlocuteur, a déclaré que les touristes en janvier sont assez pauvres et qu’il faut attendre la haute saison en avril pour trouver une clientèle aisée.
Alors que le ramadan se termine le 11 avril, Abdellatif Abouricha s’est dit optimiste quant au fait que la ville ocre devrait retrouver une clientèle étrangère plus dépensière pendant les vacances scolaires de Pâques.
Il a souligné que les hôtels se portaient bien sachant que beaucoup étaient presque pleins.
‘‘Une hausse des arrivées à relativiser, car elle engendre moins de recettes’’
Interrogé sur la façon dont les arrivées nationales en janvier ont pu augmenter de 10% pendant l’intersaison (lors de la rénovation des structures d’hébergement), un grand hôtelier de la Ville Ocre a confirmé qu’il fallait relativiser cette augmentation, qui est, en fait, composée de visiteurs qui ne séjourneraient pas automatiquement dans un lieu classé.
En fait, cette croissance inhabituelle pourrait être faussée par l’écart important entre les données officielles fournies par la DGSN sur le nombre de visiteurs de l’aéroport et le nombre de personnes séjournant réellement dans les hôtels.
«Positive en apparence, cette hausse n’est pas réaliste, car la majorité des voyageurs recensés à nos postes-frontières sont des MRE (+9,5%) ou des TES (+11%) qui ont préféré loger dans le secteur extra hôtelier (famille, appartements, chez l’habitant, Airbnb)», affirme l’opérateur en ajoutant que ce phénomène croissant entraîne une absence des retombées économiques et in fine une baisse des recettes.
Les hôteliers estiment cependant que le mécontentement créé après le 7 octobre sur un marché à fort pouvoir d’achat s’estompe alors que les Français, les Espagnols, les Britanniques… font leur retour en force dans le seul pays arabe.
Un écosystème incomplet sans parc des expositions
Par ailleurs, un parc d’expositions à Marrakech spécialisé dans le tourisme d’affaires est crucial pour les hôtels du lundi au jeudi, car la durée du séjour dans la ville touristique ne cesse de se raccourcir et elle devient une destination de loisirs urbaine, avec des taux d’occupation hôteliers élevés uniquement le week-end.
Des retards inexplicables surviennent, alors que tous les acteurs publics (ministres de tutelle, ONMT, SMIT, …) et privés (CNT, …) continuent de rappeler son importance dans la promotion d’un écosystème touristique incomplet.
‘‘Dans le contexte mondial agité, l’Espagne et le Maroc sont les dernières destinations hivernales fiables’’
Face à une situation géopolitique qui inquiète de nombreux touristes, l’un des principaux professionnels du secteur estime que la raison de l’augmentation sans précédent des arrivées au Maroc est que les étrangers qui cherchent à voyager vers des destinations de milieu de gamme en hiver n’ont plus beaucoup d’options.
L’expert souligne les circonstances difficiles auxquelles est confrontée la Tunisie, ainsi que l’Égypte et la Jordanie, qui sont aux prises avec les répercussions de la situation au Moyen-Orient en raison de leur proximité avec Gaza. Dans ce contexte, l’expert souligne que le Maroc et l’Espagne se distinguent comme des entités stables au sein des marchés européens proches.
‘‘Un taux de change défavorable et la baisse de l’inflation ont plombé les recettes’’
En raison de l’impact de l’inflation mondiale et de la haute saison, les touristes étrangers et les MRE n’ont pas pu s’y rendre en décembre alors que les prix montaient en flèche. En conséquence, ils ont choisi de voyager en janvier, lorsque les coûts de transport et d’hébergement étaient plus abordables.
Concernant la baisse observée des recettes nationales en devises en janvier, notre source présente une double justification financière. Selon eux, l’appréciation du dirham par rapport à l’euro et au dollar a eu un impact défavorable sur le taux de change du Maroc. Par ailleurs, la baisse des prix en début d’année, qui a coïncidé avec une baisse de l’inflation, n’est pas sans importance.