On ne compte plus le nombre de sondages d’opinion publiés autour des différents thèmes du tourisme responsable1. Si, selon les initiateurs de ces activités (agences spécialisées, territoires, acteurs privés, etc.), les résultats peuvent paraître cohérents, surprenants ou parfois contradictoires, leur récurrence a l’avantage de souligner la prise de conscience d’un intérêt croissant pour en respectant notre planète et sa terre.
Sans entrer dans le détail des données, toutes ces études s’accordent sur l’analyse de quelques tendances clés : les voyageurs ont un désir réel et croissant d’évoluer vers des pratiques plus durables lorsqu’ils voyagent, mais ils ont encore du mal à les mettre en pratique. Ainsi, 71 % des personnes du panel ADN Tourisme 2023 déclarent vouloir voyager de manière plus responsable à l’avenir.
Selon France Tourisme, 63 % des Français seront sensibilisés au tourisme durable d’ici 2024, contre seulement 28 % en 2010. L’actualité récente semble être une véritable poussée dans tous les secteurs du monde pour reconnaître l’impact environnemental de nos activités. Inondations meurtrières en Italie, incendies historiques en Grèce, canicule record obligeant à fermer le Parthénon à Athènes, sécheresse et tempêtes détruisant les récoltes en France… autant d’événements climatiques extrêmes (pour ne citer que ces derniers mois) fortement visibles, se multipliant sous l’effet du changement climatique, qui incitent à l’évolution de nos pratiques. C’est dans ce contexte qu’ATR nous invite à cesser de fermer les yeux et à comprendre l’interaction entre changement climatique et tourisme. Ces solutions existent déjà et sont partagées avec les professionnels et les citoyens dans le cadre du projet « ATR-E Low Carbon Travel ».
Nos comportements quotidiens changent. Nous utilisons le tri sélectif et une consommation plus raisonnée pour économiser l’énergie. Ces changements sociaux ont eu un impact sur nos loisirs et nos vacances. L’impact environnemental des voyages est une réalité largement comprise parmi les voyageurs, qui semblent prêts à voyager de manière plus durable. Si l’on ne peut que se réjouir d’une plus grande prise en compte des enjeux socio-environnementaux dans les voyages, il semble que ces aspirations ne soient pas encore pleinement concrétisées dans la pratique.
Ces intentions se heurtent à des difficultés pour identifier les offres de voyages responsables, les destinations et les prestataires engagés. Les acheteurs de voyages recherchent du soutien et des points d’action pour surmonter l’ambiguïté dans leur esprit : “je suis sensible à mon impact, mais je ne sais pas vraiment le mesurer”; “j’aimerais voyager mieux, mais je ne sais pas comment faire ou vers qui me tourner” ; “je veux être plus responsable mais je pense ne pas avoir les moyens pour cela”, etc…
Aujourd’hui, la visibilité des services rendus et des actions menées par les professionnels du tourisme publics et privés constitue un enjeu majeur pour assurer le succès de la « tendance du tourisme responsable et la rendre durable ». Il s’agit d’une communication transparente et accessible sur les initiatives durables, qui se multiplient mais que les voyageurs ignorent souvent complètement. Cette communication doit relever le défi de sensibiliser les clients et de les guider vers des choix éclairés. Si nous ne pouvons pas nous laisser entraîner dans le «greenwashing» et communiquer sincèrement l’impact des actions entreprises et des propositions proposées, alors nous ne pouvons pas à notre tour nous enfermer dans le « greenwashing » (chuchotement écologique), qui serait totalement contre-productif. Les professionnels doivent démontrer leur engagement tout en restant humbles et en offrant aux visiteurs la possibilité d’interagir avec eux.
À long terme, une bonne communication est un outil important pour développer un nouvel imaginaire touristique et un soutien important pour l’établissement de nouvelles habitudes de consommation.
Ceci est facilité par une image de plus en plus positive. Il s’agit d’accompagner et de renforcer cette évolution, rendant ainsi souhaitable ce qui semblait auparavant restrictif, repenser le vocabulaire promotionnel autour du « tourisme responsable » pour mettre en avant l’exotisme voisin, la (re)découverte de “nos” régions, au rythme de mobilités plus douces, le recours à des professionnels innovants etc.
C’est l’occasion de redécouvrir le tourisme de manière plus consciente, respectueuse et enrichissante. Quelques initiatives intéressantes sont lancées dans ce sens, comme le « Challenge Territoires Insoupçonnés DNA Tourisme ». ATR travaille également avec Atout France pour développer des produits de voyage bas carbone dans la région en partenariat avec des destinations engagées.
Ces changements de paradigme doivent vraiment se faire collectivement, d’abord à travers le rassemblement de professionnels comme ATR, ATD et ADN Tourisme, mais aussi en collaboration avec les acteurs du tourisme local et les nouveaux communicants.
Aujourd’hui, continuons à créer l’industrie touristique de demain.
Par Julien Buot & Léa Bonnand
ADN Tourisme