VERS UN TOURISME DURABLE ET SOUTENABLE admin 10 juin 2023

VERS UN TOURISME DURABLE ET SOUTENABLE

D’une activité saisonnière procurant un complément de revenus, le secteur touristique est devenu un puissant facteur de création d’emplois. Son poids économique, au Maroc, est considérable, soit, 7 à 8 % du PIB, avec des effets d’entrainement connexes très variés (transport, aménagement du territoire et urbanisme, évènementiel, culture, sport…). Son rôle d’ascenseur social est souvent rappelé. Le tourisme est donc une composante majeure de l’attractivité des territoires.

Alors que l’industrie touristique semblait surfe r sur un avenir sans nuages, oubliant vite les crises économiques, climatiques et terroristes dont elle avait déjà été victime, l’année 2020 a sonné le glas d’une époque euphorique où l’avenir ne pouvait qu’être radieux.

La crise sanitaire que le monde vit depuis 2020, a fourni le parfait exemple de l’un de ces scénarii de rupture capables de déjouer les pronostics des prospectivistes les plus avisés. Selon l’OMT, le secteur touristique mondial a perdu 1.300 milliards de dollars en 2020. Ce chiffre représente « plus de onze fois la perte enregistrée pendant la crise économique mondiale de 2009, et correspond à une chute de 74% des arrivées de touristes dans le monde par rapport à 2019. 100 à 120 millions d’emplois directs sont menacés. En effet, après la chute drastique des principaux indicateurs en 2020 en raison de la crise sanitaire et économique déclenchée par la pandémie de la Covid-19, le secteur du tourisme, au Maroc, a enregistré -79% des arrivées aux postes frontières et -72% de nuitées par rapport à 2019. Toutefois, l’année 2021, a connu un réel redressement même si elle a également été une année difficile pour le secteur, avec l’apparition de nouveaux variants au virus provoquant de nombreuses contraintes aux flux de déplacements nationaux et internationaux..En effet, du fait de sa forte résilience aux crises mondiales dont il a su à maintes reprises faire preuve, le secteur du tourisme a témoigné d’une grande capacité d’adaptabilité et de renouvellement qui fut à l’origine de l’amélioration observée durant l’année 2022.

Durant la période de janvier-décembre 2022, le volume des arrivées aux postes frontières a atteint environ 10,9 millions de touristes en forte hausse de +192% par rapport à la même période de 2021 (+294% pour les TES et +138% pour les MRE). Le taux de récupération par rapport à la même période de 2019 a atteint 84% en termes des arrivées de touristes (99% pour MRE et 72% pour TES). Par marchés émetteurs, l’Espagne a affiché le taux de récupération le plus élevé par rapport à janv-déc 2019 soit 102%, suivi du Royaume Uni (87%) et de la France (76%). L’Allemagne a connu le taux de récupération le plus faible par rapport à janv-déc 2019 soit 41%.

A fin décembre 2022, les nuitées totales réalisées dans les établissements d’hébergement touristique classés, ont enregistré également une hausse de +107% par rapport à la même période en 2021 (+293% pour les touristes non résidents et +24% pour les résidents). Le taux de récupération par rapport à la même période de 2019 a atteint 75% en termes des nuitées EHTC (63% pour les touristes non résidents et 101% pour les résidents). Par destination, Tanger et Essaouira ont affiché le taux de récupération le plus élevé par rapport à janv-déc 2019 soit 95% et 87% respectivement, suivies de Rabat (85%). Les deux pôles touristiques Marrakech et Agadir ont récupéré plus que les deux tiers du niveau de janv-déc 2019.

Durant la période de janvier-décembre 2022, les recettes voyages en devises générées par l’activité touristique des non-résidents au Maroc se sont élevées à 91,3 milliards de dirhams contre 78,7 milliards de dirhams en 2019, soit une hausse de +15,9%.

Nous avons constaté que la crise, due à la COVID-19, a accentué les changements dans les comportements des voyagistes. En effet, le voyage organisé fait moins recette pour des clientèles en quête d’autonomie, d’originalité, d’alternatives au tourisme standardisé que proposent les brochures. Internet permet aux voyageurs d’individualiser leurs prochaines vacances, en supprimant les intermédiaires et accédant directement à l’offre de leur choix. D’autant que l’heure des compagnies low-cost et celle des grandes plateformes concentrant l’offre mondiale d’hébergements et de transports, a sonné. Cherchant toujours son plaisir, mais en calculant les prix au plus serré, le touriste utilise avec de plus en plus d’expertise le système D et apprend à contourner les canaux de distribution traditionnels.

Les années à venir imposent, au Maroc, de faire évoluer le tourisme en modernisant ou repensant des actifs souvent anciens, d’opérer la transition écologique, d’innover dans les services et les offres, d’impacter plus positivement encore les différents territoires. Le temps de l’investissement nous impose en effet, d’anticiper les phénomènes économiques, sociaux, culturels, pouvoir prendre des positions volontaristes, ambitieuses, maîtriser les sujets, éclairer et accompagner les prises de décision des acteurs publics et privés afin de façonner le tourisme de demain, et contribuer à ce qu’il soit soutenable, accepté et créateur de valeur.

Doter l’observatoire du tourisme des moyens pour assurer un suivi rigoureux basé sur une veille et une analyse de quelques indicateurs clés pour le secteur touristique :

  • L’environnement, le climat (la température globale aura augmenté de plus de 2.5 degrés, mettant en péril une grande partie des écosystèmes terrestres. Il conviendra donc d’anticiper les futures catastrophes en accordant une vigilance accrue à tous les phénomènes en cours, en collaboration avec les observatoires du climat.),
  • L’économie, la géopolitique l’Occident aura (au moins en partie) perdu le monopole du pouvoir et de l’influence qu’il a depuis plusieurs siècles. Avec sa perte d’influence, ses modes de vie : consommation, festivité, mobilité, culture … perdent également de leur influence sur les populations planétaires, au bénéfice de l’Asie et notamment de la Chine),
  • La technologie (Responsable de grands bouleversements touristiques, sur le plan de l’information avant, pendant et après le voyage, sur celui de la réservation et sur celui de nouvelles formules de déplacement et hébergement (celles issues du collaboratif et des plateformes comme Uber, Blablacar, Airbnb…), la technologie a aussi une influence importante sur le secteur du tourisme d’affaires. Toutefois, il faut garder à l’esprit que, la digitalisation seule ne fera pas l’innovation.
  • Pour s’adapter aux exigences des décennies à venir, il faut aller bien au-delà : repenser les parcours clients, redéfinir les fonctionnalités des lieux, imaginer les nouvelles mixités, les nouveaux usages, rebâtir sain et durable, favoriser l’économie touristique marchande.
  • La démographie et la sociologie (la population mondiale actuelle estimée à 7,8 milliards d’habitants augmentera d’un milliard d’individus en 2050 et le tourisme dans toute sa diversité suivra les évolutions de la nouvelle modernité (la combinaison des valeurs traditionnelles irriguées par les multiples possibilités du numérique). Nous pensons bel et bien qu’un socle de valeurs telles que la rencontre, le faire ensemble, l’émotion partagée, … continueront de transcender l’inéluctable évolution sociétale. Concevoir et bâtir en s’appuyant sur ces valeurs restera la clé du succès durable du tourisme de demain. Sans oublier l’offre touristique dans le monde (l’évolution de l’offre touristique constitue un indicateur majeur permettant d’analyser l’état de la demande, l’état de la concurrence internationale et celui des problématiques actuelles et à venir.).
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