La Charte du Tourisme Durable : Lanzarote admin 10 juin 2023

La Charte du Tourisme Durable : Lanzarote

La Charte du Tourisme Durable publiée à la suite des travaux de la Conférence mondiale de Lanzarote, et qui s’inscrit dans les applications du Sommet de la Terre de Rio comporte 18 brefs articles. Elle déclare vouloir préserver « notre capital naturel et culturel ». Le tourisme, considéré comme un « puissant instrument de développement » doit être entrainé dans le sens de la durabilité au sens où l’entendaient les documents de Rio et les articles de l’Agenda 21. La charte évoque la responsabilité de l’industrie touristique dans les zônes écologiquement fragiles, et ne manque pas de faire allusion au problème des déchets qui, dit-elle « doivent rester acceptables ». « Les éléments, les activités et la dynamique traditionnels de chaque population locale » doivent être reconnus comme des éléments « incontournables » des stratégoies touristiques.

Les populations locales particulièrement absentes à l’élaboration des projets touristiques doivent devenir des interlocuteurs de toutes les étapes du développement de ces projets. Elles doivent être l’objet de la « solidarité » et du « respect » (art 4). L’article 5 fait appel à l' »innovation culturelle, technologique et professionnelle » pour mettre en oeuvre des instruments de planification et de gestion intégrésLes critères concernant la préservation de la destination touristique comme le degré de satisfaction du touriste « doivent être définis de manière conjointe avec les populations locales » (art 6). Le touriste ne peut donc s’engager dans la recherche de ses « satisfactions » qu’en dialogue avec l’habitant du pays où il se rend. Suivant l’article 7, le développement du tourisme ne plus plus se faire qu’en s »intégrant pleinement dans l’économie locale » et en « contribuant de manière positive au développement économique local ». Il n’est plus concevable de développer le tourisme sans veiller à l' »amélioration de la qualité de la vie de la population (art 8).L’article 10 entre de plain pied dans un « changement des modèles de consommation » et « un partage plus équitable des bénéfices et des charges engendrées par le tourisme ». Les coûts environnementaux devraient désormais être « intégrés aux méthodes de fixation des prix. L’article 11 aborde la question des régions déjà dégradées par un tourisme « obsolète et à fort impact. Celles-ci doivent faire l’objet d’une attention particulière ainsi que les « petites îles et les zônes… fragiles ». Suivant l’article 13, il faut établir des « réseaux de recherche, de diffusion de l’information et de transfert de connaissances et de technologies appropriées. Suivent les problèmes préoccupants posés par les transports et leurs effets sur l’environnement. Il faut « réduire la part des énergies et des ressources non-renouvelables ». Les deux derniers articles abordent enfin l’indispensable application de « codes de conduite » fondés sur la durabilité. Il s’agit bien d’élargir une prise de conscience des multiples acteurs des acteurs d’un développement durable.

La Résolution Finale place la charte sur le chemin de sa reconnaissance par l’Assemblée générale des Nations Unies, à laquelle elle sera présentée pour adoption, et la remet à un « comité de suivi » qui est appelé à la diffuser et à en faire la promotion, dans la continuité, auprès des acteurs du développement et des personnes et organismes concernés, ainsi qu’aux agences des Nations Unies.

La Charte du Tourisme Durable est un document nouveau et tout à fait extraordinaire. Depuis plusieurs decennies, sans être entendue, une toute petite minorité de personnes de bonne volonté dénonçaient les effets pervers du tourisme sur l’environnement et sur les populations locales condamnées à la folklorisation, à la larbinisation et souvent à la prostitution. Les ONG de développement les négligeaient, estimant que le tourisme n’était pas un thème suffisamment sérieux face à la misère et à la faim du mondeur les professionnels du tourismes, elles n’étaient qu’une puce en colère devant un troupeau d’éléphantsuant aux touristes eux-mêmes, les recherches des solutions les plus excitantes pour leur vacances ne leur laissaient guère de temps de se préoccuper en outre de l’hôte des pays qui se préparaient à les accueillir, autrement que comme un élément du décor La Charte du Tourisme Durable donne enfin à ces militants d’une cause considérée comme perdue d’avance l’espoir de voir mis en oeuvre de profonds changements.

Mais une charte n’est qu’une charte, n’a aucune force de loi, et est soumise à la bonne volonté de ceux qui la prennent au sérieux. Curieusement ce texte révolutionnaire est actuellement tout à fait ignoré de la presse professionnelle du tourisme. Pire, ce texte est introuvable en France. Il semble qu’il n’en exite aucun stock susceptible de répondre aux besoins de sa diffusion, conformément à la mission de son Comité de suivi. Aux services gouvernementaux du tourisme, et tout particulièrement à son centre de documentation, il était encore ignoré 6 mois après sa publication, ainsi que dans les librairies tachniques du tourisme.

Parlant des Nations Unies, on a pu dire que les nombreuses chartes publiées sous leur égide depuis leur fondation n’avaient de poids que dans la mesure où elles pouvaient devenir des instruments de lutte entre les mains des organismes qui se les appropriaient. Ceci sera sans doute le sort de cette charte, destinée à rester ignorée de ceux-là même qu’elle concerne directement si quelques minorités du premier ou du tiers-monde ne la prennent pas en mains pour défendre leurs certitudes que l’homme et la femme du plus humble des villages et de la plus tragique des misères doivent être placés au centre des combats prioritaires. La Charte du Tourisme Durable n’est qu’un de ces instruments. Elle ne deviendra efficace qu’à la mesure de l’acharnement de ceux qui sauraont l’utiliser pour faire entrer le tourisme dans la durabilité définie à Rio.

Écrire un commentaire
Your email address will not be published. Required fields are marked *